Pilou-Carmin ?, une pièce engagée
Le jeudi 10 mars, les élèves de terminales du lycée polyvalent du Haut Val de Sèvre ont pu assister à une pièce de théâtre nommée Pilou-Carmin?.
Cette pièce est écrite par Anne- Laure Mouchette et interprétée par Barnabé Couvrant, Anne-Laure Mouchette, Anna Solomin qui font partie de la Compagnie Barbiana, une compagnie de théâtre-action. Cette représentation aborde le thème compliqué des mémoires de la guerre d’Algérie.
Cette pièce est basée sur une histoire réelle, celle du grand-père de Anne-Laure Mouchette qui a été appelé du contingent français pendant la guerre d’Algérie. Les trois acteurs s’approprient la parole de ce grand-père qui a « fait l’Algérie ». C’est grâce aux interrogations de cette petite-fille sur ce que signifie « avoir fait l’Algérie » que cette
pièce voit le jour et nous expose différentes visions du conflit. La guerre d’Algérie est une guerre qui débuta le 1 novembre 1954 et se termina le 19 mars 1962. Cette est une guerre complexe car elle fait entrer différents acteurs : il y a d’abord les Algériens, faisant partie du FLN, qui veulent leur indépendance vis à vis des Français, il y a bien sûr la France, qui veut que l’Algérie reste une colonie française, mais il y aussi les Harkis, qui sont des Algériens voulant rester Français et qui ont combattu au côté de l’armée française. Tant d’acteurs dans cette guerre crée des vécus et donc des mémoires totalement différentes entre la France qui a voulu effacer cette guerre de l’Histoire et l’Algérie qui
a instauré une mémoire officielle. Cette pièce permet d’aborder différents thèmes : celui de la transmission de l’Histoire à travers les récits familiaux, du fait d’interroger le passé pour mieux décoder le présent et les limites du témoignage et de la mémoire individuelle pour aller vers l’écriture d’une mémoire commune de la décolonisation. Cette pièce est très bien mise en scène et l’interaction entre le public et les acteurs permet aux spectateurs d’être captivés par la pièce. La touche d’humour permet également de ramener de la légèreté dans une thématique qui est lourde. Le temps d’échange, à la fin de la pièce, avec les acteurs ainsi que avec un ancien combattant permet de se rendre compte de la diversité des vécus et des témoignages mais également de se rendre compte que beaucoup d’élèves ont, dans leur entourage, des personnes ayant fait la guerre d’Algérie. Pourtant ce sujet reste encore souvent peu abordé et tabou.